La réconciliation de deux êtres faits l´un pour l´autre

Finalement, à la fin des 6 mois de période d´essai, la fille a décidé de ne pas garder Frankie. Elle avait raison car elle n´aurait pas pu s´entendre avec lui. Elle avait peur quand elle le montait, si bien qu´elle n´osait pas aller plus vite qu´au pas...

Alors, pour sauver Frankie, et convaincre la cavalière de garder Frankie malgré tout, j´ai décidé de le monter pour leur montrer qu´il n´y a aucune raison d´avoir peur de lui. Le rendez-vous fut pris.
Ce jour d´hiver là, le vent soufflait en tempête. Les portes claquaient violemment, les arbres dansaient, les fils électriques chantaient, et les chevaux étaient dans tous les sens dans leur paddock. En me voyant, Frankie s´est calmé tout de suite tandis que les autres chevaux restaient excités. Suivant mon sentiment, je pris une longe pour emmener Frankie sur la carrière et lui montrer les décors mouvants. Frankie restait d´un calme exemplaire. Même la bâche de plastique vert accrochée à la lisse de la carrière le laissait indifférent alors que la fille m´assurait qu´il en avait une peur bleue dès que ça bouge. Finalement, je l´ai sellé, bridé, et suis monté dessus après lui avoir expliqué les enjeux.

Voilà que je venais de franchir le point de non-retour. D´abord tendu, Frankie s´est rapidement calmé. Même s´il piquait un léger démarrage à chaque rafale de vent, il s´efforçait de donner son maximum pour me séduire et satisfaire mes demandes. Je n´en revenais pas de voir à quel point il me faisait confiance et faisait de son mieux pour rappeler à son corps rouillé nos vieilles leçons d´équitation. Finalement, au lieu de durer 10 minutes, cette chevauchée dans la tempête et la pluie glaciale était si magnifique que je suis resté 1 heure à cheval, pendant que les autres gelaient au bord de la carrière. Mais qu´importe la météo ? Nous étions dans un autre monde, planant dans nos rêves !

A la fin de cette séance surréaliste, lorsque je suis redescendu sur la terre ferme, la fille et sa mère me félicitèrent pour me dire que Frankie est fait pour moi et qu´il n´a pas sa place avec elles. Là, ce fut un nouveau choc pour moi. J´attendais tout sauf cette réponse. Bref, au lieu les convaincre de garder Frankie, je les avais convaincu que Frankie est fait pour moi!...

Il me fallait donc prendre une décision. Le temps pressait car elle ne voulait pas continuer de payer la pension. De l´autre côté, le propriétaire de Frankie, lui aussi, n´avait plus les moyens de payer un pension, et personne n´était prêt à loger ce cheval gratuitement.
Le propriétaire me fit la proposition de m´offrir Frankie. Comme j´avais terminé les études et trouvé un emploi, je pouvais envisager d´avoir mon propre cheval. Après quelques semaines de réflection et de calculs financiers, j´ai accepté de prendre Frankie ...qui me fut offert par son propriétaire.